Le ministre veut assurer la transition vers l’agriculture organique,
tout en encourageant les jeunes diplômés à se tourner vers les activités
agricoles.
Des terrains ont été identifiés à Plaine-Magnien pour étendre
le projet du «Bio Farming» réalisé à Britannia. Y aura-t-il un appel à
des promoteurs comme pour la première ferme bio ?
Laissez-moi vous rappeler qu’il existe un engouement total pour
l’agriculture organique. Trop de maladies sont occasionnées par la
présence de résidus de pesticides dans ce que nous consommons. Il nous
faut absolument revoir notre mode de production de légumes et de fruits.
D’où notre démarche à travers la création d’une première zone dédiée à
l’agriculture organique à Britannia.
Avant cette ferme, nous avions lancé une expression of interest
pour ce type de pratique agricole. Nous avions enregistré une
cinquantaine de projets émanant de jeunes entrepreneurs. Une équipe de
techniciens de mon ministère s’est attelée à la tâche de les étudier et
de voir tous les aspects techniques. Après cet exercice, neuf projets
fort intéressants ont été confirmés pour Britannia.
Les projets continuent à arriver à mon ministère, où une unité
consacrée exclusivement à l’agriculture organique a été instituée. Quant
au projet de Plaine-Magnien, nous le lancerons aussitôt que tout sera
prêt.
Vous avez déclaré que cette ferme organique serait une plateforme de formation pour d’autres planteurs. Comment ?
La ferme bio de Britannia doit être un exemple pour d’autres
planteurs car ils verront l’application de techniques agro-écologiques
grandeur nature. De plus, toute la ferme sera utilisée comme une
ferme-école pour les techniciens et les autres fermiers. L’agriculture
biologique n’est jamais statique. D’où l’importance d’une formation
continue et évolutive pour les fermiers en place et ceux qui viendront
apprendre des pionniers.
De plus, il est très important de noter que chaque site aura sa
spécificité liée à la fertilité intrinsèque de la terre, à sa
climatologie et à la végétation existante ou non, qu’il faudra créer.
C’est la nature qui prend le dessus. La science et les connaissances
livresques s’adaptent pour empêcher la détérioration irréversible du
site.
Y a-t-il d’autres projets en vue de la transition vers une
agriculture plus durable ? Des aides financières sont-elles prévues pour
les agriculteurs ?
Le ministère, à travers le FAREI, encourage les planteurs à adopter
les bonnes pratiques agricoles dans la culture horticole, la culture
vivrière aussi bien que dans l’élevage. L’utilisation raisonnée
d’intrants chimiques est encouragée. Les produits chimiques dangereux
sont déjà proscrits. Le FAREI a une série de publications destinée aux
producteurs pour les accompagner dans cette direction.
Il y a aussi des CD interactifs pour permettre un accompagnement de
proximité aux agriculteurs. Le ministère a mis au point le MAURIGAP I,
le standard niveau I, pour démarrer. Il permettra aux agriculteurs de
commencer graduellement la transition vers le bio, avec le moins de
pertes en termes de productivité. Nous avons aussi introduit le Bio-Farming Promotion Scheme pour encourager le développement de l’agriculture organique sur une base commerciale.
Des aides financières sont prévues pour les agriculteurs afin de leur
permettre d’investir dans la modernisation de leurs opérations
agricoles. Ils auront droit à financement pour leur projet, aussi bien
qu’à l’exemption de la TVA.
Une station expérimentale à Pamplemousses a déjà été convertie en station bio pour collecter le plus de données possible.
Qu’a-t-on prévu pour inciter les jeunes à ne pas se détourner de l’agriculture ?
Les jeunes sont encouragés à se tourner vers les activités agricoles à
valeur ajoutée, à travers les clubs. Un projet pour les encourager vers
cette filière est à l’étude. Un accompagnement de jeunes diplômés sur
une base pilote va démarrer sous peu.
Le Premier ministre a déclaré qu’il est désormais possible de
contrôler la culture de légumes depuis son ordinateur. Pouvez-vous nous
en dire plus ?
L’informatique est devenue un outil qu’on peut utiliser pour
améliorer la connaissance technique des fermiers. De plus, les outils
tels que l’e-marketing permettent une pénétration ciblée du
marché. Des facilités ont été mises en place pour le diagnostic en
ligne. Le fermier peut faire identifier les ravageurs ou maladies qui
attaquent sa culture, en expédiant des photos prises dans les champs aux
laboratoires concernés.
Des données météorologiques recueillies (humidité et température) aux
champs et analysées en temps réel au moyen de programmes digitaux
peuvent prévenir l’incidence de maladies saisonnières. Ainsi, le fermier
peut protéger sa culture et éviter des pertes conséquentes.
Pour les cultures intensives et industrielles, le GPS et le Geographical Information System (GIS)
peuvent être utilisés pour affiner la correction de la fertilité de la
terre de façon ciblée et régulière et gérer l’évolution des maladies aux
champs avec précision. Ce qui contribue à éviter des pertes
conséquentes à grande échelle.
En 2015, vous avez annoncé vouloir convertir 50 % de la
production agricole en produits bio d’ici 2020. Sommes-nous sur la bonne
voie ?
Nous sommes sur la bonne voie. Déjà, nous pouvons diminuer notre
dépendance aux intrants chimiques en les remplaçant par certains
intrants bio. Des tests effectués aux champs ont donné des résultats
prometteurs. Il y a des défis à relever car nous sommes dans un milieu
tropical, où la présence de prédateurs et de maladies est très forte.
Nous allons poursuivre nos efforts pour que l’objectif fixé soit
atteint.
Article paru le 23.03.17 sur lexpress.mu